Contrairement au marasme économique et déprime généralisée, deux des régions viticoles de renom, la Champagne et la Bourgogne, sont en plein essor et pourraient servir de leçon pour le reste de la France.
Leur insolente réussite et dynamisme détonne face à la crise que traversent les autres régions traditionnelles que sont le beaujolais, le Languedoc et une grande partie du vignoble Bordelais : chute de la consommation de vins de table, concurrence étrangère agressive, et difficultés à s´adapter aux nouvelles habitudes de consommation.
Dans le même temps, le système AOC est devenu pour les vignerons, comme la bureaucratie aux entrepreneurs: un symbole du dysfonctionnement à la française, avec sa tendance à récompenser la médiocrité.
Un monde à part, la champagne !
A contre-courant la région Champagne, est devenue sans doute la zone viticole la plus dynamique du monde. Un mouvement de producteur de Champagne a contesté la hiérarchie établie en Champagne, représentée par les grandes marques et ont parcouru un long chemin pour changer notre conception du Champagne et sa région. Merci à des producteurs comme Selosse, Pierre Peters, et Gimonnet, Jerome Dehours par exemple qui ont permis à de nombreux consommateurs de se rendre compte que le champagne peu devenir un vin de garde et de terroir comme en Bourgogne – Et comme en Bourgognes, il existe des différences importantes entre les villages et vignobles dignes d’être découverts.
Quelques-unes des grandes maisons ont réagi et le Champagne a été ainsi réinventé sous nos yeux. Hier pétillant et agréable, il est devenu un vin de terroir, singulier, empreint de vitalité et innovation, tout en améliorant sa qualité.
Les Bourguignons se sont ouverts au monde…
Une chose semblable s´est déroulé en Bourgogne. Historiquement, la Bourgogne était une communauté agricole insulaire – l’antithèse de la ville cosmopolite, tournant le dos à la région de Bordeaux. Il y a 40 ans, la Bourgogne était une région assez stagnante. Il y avait certainement de bons vins, mais la Bourgogne sous exploitait, et ne profitait guère de la qualité de ses vignobles. Il y avait peu d’innovation et peu de motivation pour changer et améliorer.
Le spectre de la concurrence a changé cela. Notamment au cours d’une célèbre dégustation en 1976 (Jugement de Paris) au cour de laquelle un Chardonnay de Californie a battu certains vins blancs de Bourgogne et contribué à secouer et sortir la Bourgogne de sa complaisance.
Les vignerons et fils de vignerons se sont alors ouverts vers le monde– enrichit de nouvelles connaissances sur la viticulture et la vinification qui ont contribué à améliorer la qualité des vins de leurs familles. La sélection devint beaucoup plus rigoureuse, le domaine de la Romanée Conti a été le premier domaine, par exemple en Bourgogne, à utiliser une table de tri.
Près de 40 ans après cette dégustation, la Bourgogne est prospère comme jamais auparavant et ses vins n´ont jamais été aussi bon. La Bourgogne semble avoir éclipsé le Bordeaux comme une pierre de touche pour de plus en plus d´œnophiles. Dans un contexte concurrentiel, les Bourguignons n´ont cessé d´innover et ont relevés les défis de la concurrence; face à la montée en gamme et qualité des vins californiens, d´Oregon ou d’ailleurs.
Ils ont atteint un degré d’excellence et de cohérence que leurs pères et grands-pères n´auraient jamais pu imaginer et Ils ont fait tout cela tout en restant totalement fidèle à l’héritage de la Région – résistant à la tentation de Parkérisation. Comme avec les Champenois, les Bourguignons ont montré que l’acceptation du changement ne nécessite pas jeter de côté son identité ou traditions – que l’esprit de progrès et une volonté d’innover peut être le meilleur moyen de préserver un mode de vie. Une leçon sans doute à méditer !?