Presque partout en France, le millésime 2013 s’est révélé compliqué pour les vignerons tant les conditions climatiques ont été peu favorables à la vigne. Aujourd’hui les vins commencent à être commercialisés et on commence à s’en faire une meilleure idée. Avec parfois d’assez bonnes surprises comme l’a constaté Jancis Robinson en Bourgogne.
Ce qui est certain, c’est qu’avec une telle climatologie, l’acidité se retrouve souvent en avant mais moins qu’en 1996, millésime de référence en la matière ! Au domaine Dujac on se pose encore néanmoins, selon Jancis Robinson, la question de désacidifier certains vins. Jacques-Frédéric Mugnier, du domaine éponyme s’est posé la même question. Il a d’ailleurs essayé de le faire sur quelques échantillons, mais il a finalement renoncé, trouvant finalement le résultat pas du tout probant et d’ailleurs les vins, toujours en élevage, progressent en matière et en densité, ce qui permet à l’acidité de mieux s’intégrer au vin.
Tout ceci montre bien le profil du millésime : la plupart des bons producteurs reconnaissent que seules les parcelles où les rendements ont été très contenus ont permis d’atteindre une belle maturité. Sinon on ira sur des vins très tartriques ou manquant même parfois d’une expression fruitée saine. De nombreux dégustateurs se posent la question d’une similitude avec 1996, millésime qui, près de vingt ans plus tard, reste toujours assez crispé… Mais pour de nombreux vignerons, les progrès techniques effectués entre temps auront permis de mieux maîtriser le millésime 2013 sur ce plan. D’autant que, selon Denis Bachelet, 2013, contrairement à 1996, a bénéficié de trois semaines tout a fait correctes juste avant les vendanges, ce qui a permis de franchir un cap dans la maturité des raisins. Les rouges ont souvent été récoltés en octobre (le millésime le plus tardif depuis très longtemps) et les jours plus courts à cette époque ont limité malgré tout un peu l’effet de ces belles semaines. « Le millésime le plus fatigant que j’ai connu » reconnaît Pierre-Yves Colin-Morey à Chassagne. Qui plus est, la Côte de Beaune a souffert pour la troisième année consécutive, de nombreux épisodes de grêle au printemps ce qui a parfois totalement détruit les récoltes de certaines parcelles, en particulier à Volnay et Pommard.
Evidemment, avec cette production très limitée, chacun s’attend à une hausse significative des prix. Une logique finalement pas si évidente que cela selon Jancis Robinson. Selon cette dernière, elle a rencontré de nombreux producteurs qui ont été marqués par l’accueil agressif qu’ils ont ressenti de la part de leurs clients sur la forte augmentation des 2012. Etienne de Montille par exemple lui a confié qu’il comptait baisser légèrement les prix de ses 2013 par rapport à ses 2012 : « Les Bourguignons devraient avoir une vision à long terme. Regardez les Bordelais complètement coincés aujourd’hui. Une fois que vous avez franchi le Rubicon, il est très difficile de revenir en arrière. »
Aubert de Villaine du domaine de la Romanée-Conti l’avoue sans peine : « Sincèrement nous avons eu très peur pour les 2013. Juste après la vendange nous pensions que les vins allaient manquer cruellement de matière mais après leur premier été en barrique, ils ont pris du volume et du fruit. Des millésimes aussi délicats ont pour nous plus d’intérêt que les années très ensoleillées qui peuvent trop marquer les vins de leur puissance solaire. »
En guise de conclusion, Jancis Robinson note que la majorité des 2013 qu’elle a dégustés (certes chez les bons producteurs) sont très proches des spécificités de leurs terroirs avec des niveaux d’alcool très raisonnables, plus proches de 12° que de 13°, des vins en général plus infusés qu’extraits, bref des vins pour les vrais amateurs de bourgognes ! »